

Les championnats d'Europe Seniors de saut d'obstacles ont débuté ce 16 juillet à La Corogne en Espagne. Pour cette édition 2025, l'équipe de France intègre Jeanne Sadran et Antoine Ermann - 23 ans et Nina Mallevaey - 25 ans, directement propulsés sur le devant de la scène du très haut niveau après des années remarquables sur les circuits nationaux et internationaux réservés aux Jeunes. Entretien avec Olivier Bost, sélectionneurs Poneys et Jeunes, qui a vu éclore cette nouvelle génération.
Vous avez pris vos fonctions en 2011, quelles étaient vos missions et objectifs ?
"Lorsque j'ai pris ces missions de sélectionneur national en 2011, l'objectif donné par le Président de la FFE Serge Lecomte, le DTN Pascal Dubois et Sophie Dubourg, alors en charge du saut d'obstacles, était de former l'élite de demain. J'avais à l'idée d'aider à faire émerger des hommes et des femmes de chevaux. Alors bien sûr, on cherche aussi à gagner des médailles, mais la volonté était réellement de former les cavaliers dès le plus jeune âge car on sait très bien qu'une carrière à haut niveau ne se construit ni en un jour, ni en une année."
Quels sont les points sur lesquels vous mettez l'accent en tant que sélectionneur national des Jeunes ?
"La FFE nous laisse une grande liberté et nous apporte des moyens humains et logistiques exceptionnels. Le staff fédéral qui entoure les jeunes offre un champ très large de compétences. De la technique équestre, sur le plat et à l'obstacles, du travail sur la posture des cavaliers, de la préparation physique et mentale, des cours d'anglais, du média training... On a la chance également d'avoir au Parc équestre fédéral toutes les infrastructures pour accueillir les stages tout au long de l'année, y compris les stages de détection, dans les meilleures conditions. Dès le plus jeune âge on accompagne les cavaliers, mais aussi les parents et les coachs privés. Je demande de la rigueur, du travail, de la compréhension dans le processus et une adhésion de tous au projet fédéral. J'aime que les gens soient demandeurs de travailler et d'apprendre comment fonctionne une équipe. On apporte une touche finale à tout le travail fait au quotidien."
Depuis 14 ans, comment avez-vous fait évoluer vos méthodes d'encadrement ?
"Comme beaucoup, on a suivi l'évolution du sport. Je pense que je suis plus à l'écoute et dans la bienveillance qu'à mes débuts. Quand j'ai commencé, j'avais vraiment envie de remporter des médailles, mais depuis 7 ou 8 ans, on ouvre davantage le groupe France. Parfois, on a des couples qui ne sont pas tout à fait prêts pour un grand championnat, mais on les intègre au collectif pour commencer à les former. On fait vraiment de la détection de cavaliers, on échange avec l'entourage, avec les coachs et le jour où ils seront prêts, où ils auront rencontré le bon poney ou cheval, alors ils seront opérationnels dans le collectif. Élargir le groupe alors qu'il y a un nombre de places limité en équipe de France peut être source de déception pour certain sur l'instant, c'est pourquoi j'insiste pour qu'ils adhèrent au projet et nous fassent confiance. C'est réellement tout le processus qui est très formateur."
En quoi consiste l'encadrement proposé par la FFE ?
"L'équipe fédérale d'encadrement sportif est composée de plusieurs professionnels spécialistes dans leur domaine. Lors des stages et regroupements, il encadrent les jeunes sur une ou plusieurs séances. Selon les profils de chacun, on adapte le programme et on personnalise l'accompagnement pour coller au mieux à leur besoin et les aider à progresser. On échange beaucoup avec l'entourage des cavaliers. Environ 60% des jeunes sont issus de familles de professionnels du cheval et donc coachés par leurs parents. Les autres s'entourent de coachs privés qui sont toujours les bienvenus lors des stages. On a de très bons entraîneurs en France qui se sont vraiment professionnalisés au fil des années. On les accompagne aussi dans l'optique de former les entraîneurs de demain, ce qui est une réelle volonté du président de la FFE Frédéric Bouix et de son équipe."
Quel est le conseil que vous donnez le plus souvent aux jeunes cavaliers ?
"J'ai l'habitude de dire que le plus important c'est le travail, tout ça en réfléchissant à ce que l'on fait et pourquoi on le fait. Je mets aussi l'accent sur le bon fonctionnement du cheval. Si on a un cheval ou un poney qui fonctionne bien et un cavalier capable de se concentrer, de faire un bon tracé et qui garde son sang froid même lorsqu'il y a de l'enjeu, qu'il soit ouvreur ou 4e dans l'équipe, alors on est performant."
Qu'est-ce qui fait le succès du parcours de formation des jeunes ?
"Notre plus grande force, c'est d'avoir une fédération qui investit beaucoup sur la jeune génération. On a d'excellents circuits de compétition très formateurs comme le Grand National, les Super AS, les TDA... Le Generali Open de France est aussi un outil formidable qui apporte une réelle dynamique autour de la compétition. Quand je vois encore le public massé autour de la piste n°1 cette année pour les finales, la diffusion des épreuves en live, l'engouement sur les réseaux sociaux, je peux vous dire que les cavaliers apprennent à vaincre le stress et ça leur fait passer un vrai cap. Cette expérience en compétition ajoutée à l'encadrement par un staff fédéral élargi avec toujours la même envie et motivation produit les résultats que l'on a aujourd'hui. Je mesure la chance que j'ai de faire partie de cette organisation et j'encourage tous ceux qui veulent tenter cette formidable expérience de l'équipe de France et du haut niveau à s'en donner les moyens."
Quels sont vos échanges avec le staff Seniors de l'équipe de France ?
"J'ai eu la chance de travailler avec Henk Nooren, le précédent sélectionneur de l'équipe de France, lors de stages Jeunes. Il a apporté beaucoup de cadre et de technique. Avec Edouard Coupérie qui est désormais aux commandes, on est en relation permanente. On se connait très bien puisqu'il a longtemps été en charge de la catégorie Jeunes cavaliers. Je crois qu'il a vraiment envie que les jeunes soient intégrés à l'équipe et qu'ils réussissent. Son équipe pour les championnats d'Europe en est la preuve et je leur souhaite vraiment de gagner une médaille. Je vais les suivre avec beaucoup de passion et de plaisir."
L'arrivée de la nouvelle génération en équipe de France donne-t-elle une motivation supplémentaire aux jeunes ?
"C'est indéniable ! On voit bien que le travail mis en place par la FFE depuis toutes ces années porte ses fruits. En 2011 aux championnats d'Europe à Comporta (POR), j'avais dans l'équipe Enfants des cavaliers comme Mégane Moissonnier qui a couru les championnats d'Europe Seniors en 2023 et de nombreuses Coupes des nations Seniors. Les années suivantes, on a formé des équipes et gagné des médailles avec, entre autres, Jeanne Sadran, Nina Mallevaey, Antoine Ermann, Inès Joly, Edward Levy, Titouan Schumacher, Paul Delforge, Dylan Ringot, Leona Mermillod Baron, Camille Condé Ferreira, Lalie Saclier, et dernièrement Eden Blin Lebreton Leprevost qui a remporté la médaille d’argent individuelle aux championnats d’Europe Jeunes cavaliers cette année. Tous sont désormais sur le circuit pro et en passe de se faire un nom chez les Seniors. Cela apporte une réelle motivation à toute la génération montante qui voit que c'est un objectif atteignable, avec beaucoup de travail et en s'entourant des bonnes personnes."