Préparation mentale, l’atout gagnant des sportifs
Jean-Pascal Cabrera, préparateur mental, est intervenu sur des stages CCE et Dressage à Lamotte Beuvron (41) et au Mans (72) en décembre 2016. A l’issue d’une séance dispensée à de Jeunes cavaliers au Parc équestre de Lamotte, nous nous sommes entretenus avec lui.
Jean-Pascal Cabrera, préparateur mental, est intervenu sur des stages CCE et Dressage à Lamotte Beuvron (41) et au Mans (72) en décembre 2016. A l’issue d’une séance dispensée à de Jeunes cavaliers au Parc équestre de Lamotte, nous nous sommes entretenus avec lui.
Jean-Pascal Cabrera©FFE/EC
Vous qui coachez différents sportifs de tous horizons, qu’est-ce que l’équitation a de particulier ?Jean-Pascal Cabrera
« Pour moi ça a été une grande révélation dans mon activité. C’est le seul sport qui utilise la communication avec un animal. Quand on y réfléchit bien, la relation n’est pas cognitive, au sens que l’on n’utilise pas un langage parlé avec le cheval, mais un langage sensitif qui utilise nos 5 sens. On utilise nos bras, nos jambes, nos fesses et cette communication est presque exclusivement basée sur un registre émotionnel parce que le cheval a un instinct grégaire qui le guide. Motivé par sa peur et la confiance qu’il accorde à son cavalier, il est extrêmement attentif à ce registre émotionnel. Ce qui signifie que nous lui communiquons nos émotions. Une sorte de système éponge. La science a mis en évidence les neurones miroirs : un être vivant se met en relation avec son propre système pour synchroniser ce qu’il perçoit de l’autre et ses émotions. Face à quelqu’un d’agressif, je vais me désynchroniser pour me protéger. Face à quelqu’un de sympathique, je vais me synchroniser parce que je trouve cette émotion agréable. C’est ce qui se passe avec le cheval. Le but dans la préparation mentale du cavalier est de le sensibiliser à la survenue de ses émotions et lui apprendre à ne pas être dans le déni. Les jeunes refusent souvent de reconnaitre qu’ils sont stressés. Mais le cheval perçoit la communication non verbale et si le cavalier est dans le déni, des choses conscientes et non conscientes vont néanmoins transpirer dans ses comportements. Mon rôle de préparateur mental est d’apprendre aux cavaliers non pas à éliminer ses émotions, mais à ne pas les subir. Le stress est un état réactionnel. L’énervement ne doit pas guider son comportement compétitif ou son attitude à l’entrainement. »
De quoi ont besoin les jeunes cavaliers d’aujourd’hui ?J-P C
« Il ont besoin d’organiser leur préparation mentale. Certains sont un peu brouillon en la matière. Quelques uns bénéficient d’une préparation mentale régulière avec un professionnel, mais la plupart n’ont pas cette aide. Ils sont souvent comme Monsieur Jourdain : ils font de la préparation mentale sans le savoir, ont des stratégies, des rituels, sans en avoir conscience. C’est là que j’introduis les termes de cognitif et comportemental : je prends conscience, je sais, je ne cherche pas à expliquer, j’applique et ce sont les allers-retours entre l’application et la prise de conscience qui font que je progresse. »
Séance de Préparation mentale avec Jean-Pascal Cabrera au Parc équestre de Lamotte-déc.2016©FFE/EC
Quels types d’exercices leur proposez-vous ?J-P C
« Des exercices, des ateliers, des mises en situation pour apprendre à se relaxer, être concentré et rester dans une attitude positive. La pensée du cavalier va parfois le ramener à ses échecs passés mais cela ne doit pas générer d’angoisse. Au contraire, il doit rester dans une bulle de concentration. Pour cela, il faut qu’il ait l’esprit occupé à quelque chose. Notre cerveau est programmé pour fonctionner 24h/24. Alors quitte à l’occuper, occupons le avec des choses saines. Quand on sent que le stress, la pression, l’environnement commencent à influencer et à modifier nos comportements, on va revenir dans quelque chose à faire, quelque chose de sensoriel. Le grand classique, c’est la respiration, le cavalier va se concentrer, avec une main sur le ventre ou en écoutant son souffle. En se concentrant sur son corps, il exclut les parasites extérieurs. Après on va introduire des images positives qui vont conditionner son comportement. Si le cavalier visualise une image de réussite, il a plus de chance d’avoir un état d’esprit positif que s’il focalise sur un concours qu’il a raté. C’est concret. On peut aussi introduire des gestes de conditionnement. En associant un petit geste au souvenir d’une victoire, il va mettre en confiance. La préparation mentale aide le cavalier à rester concentré en toutes circonstances, connecté à son cheval, sans être pollué par quelque chose d’extérieur. C’est une qualité que doit avoir le sportif de haut niveau. »