

Dans un contexte où les poney-clubs et centres équestres doivent sans cesse innover pour fidéliser leurs cavaliers, renforcer l’esprit de groupe et rendre leur offre plus attractive, les sports équestres collectifs (le horse-ball, le paddock-polo ou le pony-games) représentent une réponse particulièrement pertinente. Leur dimension ludique, éducative et dynamique s’intègre parfaitement dans les projets pédagogiques, tout en apportant un vrai souffle de nouveauté dans la vie des clubs.
Alors que l’édition 2025 du Grand Tournoi, le rendez-vous annuel des sports équestres collectifs, est organisée par la Fédération Française d’Équitation du 30 mai au 1er juin, focus sur les atouts de ces activités.
Une approche pédagogique complète et stimulante
L’équitation est reconnue depuis longtemps pour ses apports éducatifs. En montant à poney, les enfants développent leur équilibre, leur coordination, leur autonomie, mais aussi leur sens des responsabilités à travers la relation à l’animal. Intégrer une discipline collective permet d’aller encore plus loin en enrichissant cette base d’une dimension sociale forte : travail en équipe, gestion des émotions, respect des règles, solidarité…
Ces activités confrontent les enfants à des situations qui les obligent à se concentrer sur plusieurs éléments à la fois : leur monture, leur environnement, leurs coéquipiers, le ballon, les consignes... Cela encourage la prise d’initiative, la communication et l’analyse rapide de l’action. En somme, une vraie école de la vie à poney !
Pour Nadine Lypca, directrice du club À Cheval à Barneville-Carteret (50), l’intégration d’une balle dans la pratique change tout : les enfants doivent gérer à la fois leur équilibre, leur poney, le ballon et les autres joueurs. « C’est un levier pédagogique exceptionnel », explique-t-elle. Même constat du côté de Baptiste Auclair, directeur du Centre Équestre de la Grange Martin et du Poney Club des Ulis (91) : « Comme dans tout sport collectif, il y a un rapport à l’autre. Il faut apprendre à se placer, à composer avec les autres. C’est un vrai atout éducatif. »
Une dynamique collective au service de la motivation
Les sports collectifs introduisent une nouvelle logique dans la pratique équestre, souvent perçue comme individuelle. Ils apportent un esprit de groupe très apprécié des enfants et des adolescents, avec des entraînements réguliers, des matchs ou des jeux, un objectif partagé. Ce format collectif stimule la motivation des cavaliers, qui s’impliquent davantage dans la vie du club. On remarque plus d’assiduité, un engagement accru et une ambiance plus vivante.
Baptiste Auclair observe au quotidien les bénéfices de cette dynamique : « Lorsqu’il y a un entraînement prévu, les enfants ne veulent pas le rater. Ils savent que leur présence compte pour l’équipe. Cela change totalement leur rapport à la régularité. »
Au-delà de l’assiduité, cette ambiance collective favorise aussi l’intégration des nouveaux cavaliers, qui trouvent leur place plus facilement dans un groupe soudé par un projet commun. L’émulation devient un facteur d’engagement fort, y compris pour les familles.
Florian Moschkowitz, directeur de Nancy Équitation (54) et entraîneur national de horse-ball, insiste sur cet effet d’équipe : « Cela apporte une image forte à la structure, fédère les cavaliers, et peut même devenir une identité de club. » Il note aussi que cette approche séduit particulièrement les jeunes garçons, souvent en perte de motivation autour de 10/12 ans, qui se retrouvent dans l’énergie collective du jeu.
Un levier pour booster l’activité à poney
Sur le plan de la gestion d’un établissement équestre, les sports collectifs apportent aussi des avantages très concrets. En proposant des séances complémentaires à l’enseignement classique, ils permettent d’augmenter la fréquence de venue des cavaliers, tout en diversifiant l’offre pédagogique. Cela contribue à une meilleure rentabilité et à une fidélisation plus durable des pratiquants.
Nadine Lypca souligne que « cette double approche - enseignement classique conjugué à des séances de collective - permet aux enfants de progresser tout en vivant des moments de réussite. On peut monter très vite en niveau avec une cavalerie polyvalente. »
Certaines structures, en développant des disciplines spécifiques comme le horse-ball, le paddock-polo ou encore le pony-games, deviennent aussi plus attractives à l’échelle locale ou régionale. Ce positionnement permet de capter une clientèle qui cherche une expérience différente, plus dynamique, plus conviviale, et pas forcément disponible ailleurs.
Baptiste Auclair en témoigne : « Nous avons des cavaliers qui parcourent parfois 40 ou 50 km parce qu’ils savent qu’ils trouveront ici une offre qui combine sport collectif et équitation classique. Cela élargit considérablement notre bassin de pratiquants. »
Une pratique accessible et enrichissante pour la cavalerie
Contrairement aux idées reçues, ces disciplines sont tout à fait accessibles aux clubs et à leur cavalerie. Une simple désensibilisation suffit dans la plupart des cas pour que les poneys et les chevaux s’habituent au ballon ou aux situations de jeu. Mieux encore : cette activité peut même être bénéfique pour les équidés. En leur permettant de bouger, d’interagir, d’exprimer des comportements naturels liés au troupeau, elle contribue à leur bien-être global.
Florian Moschkowitz rassure les professionnels : « Dans 90 % des cas, les poneys de club s’adaptent très bien. Il faut juste y aller progressivement et poser des bases solides. Une fois lancée, la cavalerie devient même plus disponible dans les autres séances, car plus stimulée et équilibrée. » Baptiste Auclair complète : « C’est aussi une activité bénéfique pour eux. Le horse-ball leur permet de créer des liens sociaux, de bouger, de s’exprimer. Ce sont des comportements naturels qu’on retrouve en liberté. Les chevaux qui jouent ensemble, qui interagissent, sont ensuite plus équilibrés et disponibles pour l’enseignement. »
Les enseignants peuvent démarrer simplement, avec des jeux collectifs très accessibles (passes à dix, slaloms à deux, petits matchs à thème…), sans besoin de matériel spécifique ni d’une grosse expertise technique. L’important est d’adapter la difficulté au niveau du groupe et de garder un cadre ludique et sécurisant.
Baptiste Auclair encourage aussi les enseignants à dépasser la peur de l’inconnu : « Beaucoup n’ont pas été formés à cette discipline. Pourtant, elle est accessible. Il faut dédramatiser : on peut commencer avec des jeux simples, comme des passes à dix. Les chevaux d’instruction s’y mettent très vite. Il faut oser, utiliser les bons outils, comme la sangle de ramassage, et ne pas hésiter à solliciter les experts fédéraux ou des spécialistes de la discipline » Des formations pour les enseignants sont organisées par les Comités régionaux d’équitation et, dans le cas du pony-games, une journée de découverte et d’initiation est proposée chaque année par la Fédération lors des Rencontres du pony-games.
Le Grand Tournoi : un objectif pour la saison
Au-delà de la pratique au quotidien, le Grand Tournoi organisé chaque année par la Fédération est un véritable catalyseur de motivation. Accessible à tous les niveaux, il permet de donner un cap à la saison, de fédérer les équipes autour d’un objectif stimulant, et de vivre une expérience inoubliable dans un cadre festif et valorisant.
Pour les cavaliers comme pour les clubs, c’est un événement marquant qui crée une dynamique positive sur le long terme. La perspective d’y participer ou d’y retourner devient un moteur d’implication très fort, à la fois pour les enfants, les parents et les enseignants.
« C’est une semaine intense, joyeuse, sportive. Un vrai aboutissement », confie Florian Moschkowitz. « Ceux qui y participent n’ont qu’une envie : y retourner. »
Une opportunité pour tous les clubs
Intégrer un sport collectif dans son « offre poney », même à petite échelle, c’est proposer une activité vivante, actuelle et pleine de sens. C’est aussi répondre aux attentes des familles en matière de socialisation, de progression, de plaisir et d’engagement. C’est un levier d’enthousiasme. Des disciplines qui donnent envie aux enfants de venir, et surtout, de rester à poney !