Depuis 2024, la Fédération Française d’Équitation est engagée aux côtés de la Ligue contre le cancer 31. C’est au haras de Lorane, à Seysses, que des séances de médiation avec les équidés sont organisées. Sébastien Janini, dirigeant, et Marie-Ange Léophonte, directrice générale de la Ligue de Haute-Garonne, évoquent cette collaboration.
Un projet lancé en 2023
Sébastien Janini, dirigeant du haras de Lorane, situé à Seysses, explique la genèse du projet qui lie son établissement à la Ligue contre le cancer 31 : “Marie-Ange Léophonte, la directrice générale, est cavalière chez nous. Au fil des discussions, nous avons évoqué le sport-santé, les activités de la Ligue contre le cancer autour du sport… Elle est la porteuse du projet, auquel nous avons commencé à réfléchir et sur lequel nous sommes aujourd’hui engagés”.
Comme le rappelle Marie-Ange Léophonte, directrice générale de la Ligue de Haute-Garonne, “1 femme sur 8 est touchée par le cancer du sein.” Ainsi, c’est un projet porteur de sens qui s’est développé dans un milieu où 80% des licenciés sont des femmes. “C’est un engagement humain, nous sommes tous concernés”, précise-t-elle à juste titre.
“Je connais bien le rôle d’aidant, je l’ai vécu. J’avais envie de m’engager, de faire quelque chose”, témoigne Sébastien Janini. Le projet pilote a été protocolisé par Marie-Ange Léophonte en un format standardisé. Dès le départ, le cadre est posé : les équipes du haras de Lorane ne donnent pas de conseils médicaux, ils aident à la connexion, à la mise en relation avec le cheval tout en assurant la sécurité de ce moment bien souvent hors du temps.
“Une bulle” pour les patientes
Cette activité avec les poneys et chevaux représente une échappatoire pour les participantes, qui sont majoritaires, même si quelques hommes ont participé aux séances. “Les séances proposent des exercices évolutifs, une complicité se crée avec l’enseignante d'équitation. De mon côté, j’apporte ma connaissance de la maladie”, présente Marie-Ange Léophonte. “En étant aux côtés des chevaux, l’air de rien cela fait travailler des choses clés comme l’estime de soi, la confiance en soi, le lâcher prise… Le contact avec les poneys et chevaux diminue l’anxiété et améliore le sommeil. En étant à l’extérieur, ces femmes peuvent respirer à plein poumon dans un environnement où elles sont libres physiquement et psychologiquement.”
Témoin privilégié de cette expérience forte, Sébastien Janini ajoute : “La relation avec le cheval offre une bulle pour s’extraire des ennuis quotidiens, un moment de détente pour se changer les idées. L’équitation est un sport d’extérieur qui fait travailler le corps et l’esprit.” Généralement, ce sont des personnes non-équitantes qui participent à ce projet. “Certaines reviennent, bien souvent car elles sont attirées par un poney ou cheval en particulier”, ajoute-t-il.
L’importance de l’encadrement juste de ce “soin support”
“La médiation avec les équidés, appliquée au cancer, c’est particulier. J’ai des attendus spécifiques car c’est plus qu’une activité, un soin support”, situe la directrice générale de la Ligue contre le cancer 31. “Le haras de Lorane se prête bien à cette collaboration car c’est un lieu très apaisant avec une vue sur les alentours à presque 360°. Et cela fonctionne bien avec les monitrices.”
L’équipe de Sébastien Janini comprend quatre personnes, formées par Marie-Ange Léophonte. Elles peuvent également compter sur sa présence lors des briefings et débriefings de séances, afin de mieux comprendre les participantes, leurs besoins, leurs difficultés, leurs ressentis. “Forcément, cela leur parle, mais il est important de trouver la distance professionnelle juste. Nous voyons que cela aide les participantes, ce sont des moments forts émotionnellement. Notre challenge est d’avoir l’encadrement le plus adapté possible. Nous ne sommes pas là pour leur apprendre l’équitation tandis que le médical n’est pas notre métier. Il faut de l’empathie sans pour autant apporter de réponses, cela demande beaucoup de maturité”, analyse le dirigeant.
Des bénéfices aussi pour le club !
Si ce projet présente de multiples bienfaits pour les participantes, le club qui accueille ces séances y trouve également des bénéfices. Ainsi, l’accueil de ce public spécifique offre aux établissements équestres une diversification d’activité bienvenue.
Comme le partage Sébastien Janini, “j’identifie trois intérêts à cette coopération. Tout d’abord, d’une manière rationnelle, le développement de mon activité économique : nous sommes non loin de Toulouse, la concurrence est forte et il est difficile de recruter de nouveaux publics. L’équitation-santé nous différencie et amène des cavaliers qui ne seraient pas venus autrement. Certaines patientes deviennent de nouvelles licenciées. Ensuite, cela contrebalance l’image de l’équitation, souvent vue comme élitiste. Quand j’explique toutes nos activités à nos clients et futurs clients, cela change leur regard. Ce partenariat renforce notre image de marque. Enfin, cela renforce le bien-être humain - l’opportunité de faire du bien au patient, mais aussi à mon équipe, je vois les sourires de tout le monde - mais aussi équin. Ma cavalerie de club passe une heure à être chouchoutée, effectuer du travail à pied, recevoir des carottes et des pommes… J’observe une évolution positive, des poneys et chevaux moins tendus à l’attache pour ceux qui l’étaient, qui viennent au contact quand on les cherche au pré, plus d’intérêt au travail avec des comportements sereins et apaisés.”