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Depuis quelques saisons, il est l’un des chefs de piste les plus en vue de la planète. Sur proposition de la FFE qui forme et encourage ses officiels de compétitions à tous niveaux, Grégory Bodo vient de se voir attribuer le Level 4 FEI en saut d’obstacles, le plus haut grade en la matière. Il rejoint ainsi Frédéric Cottier et Serge Houtmann, autres « course designers » français à ce niveau. Une véritable reconnaissance pour le Lorrain qui a gravi les échelons pas à pas. Comment êtes-vous devenu chef de piste ? « J’ai grandi à 50 mètres d’un centre équestre à Forbach. J’ai toujours été passionné par les chevaux et j’ai commencé à monter à l’âge de 7 ans. J’ai ensuite évolué principalement en compétition de saut d’obstacles. Très tôt, j’ai été attiré par la conception des pistes. Dès 14 ans, je m’intéressais aux croquis des parcours. J’ai ensuite suivi pendant deux ans quelques chefs de piste en région. À 18 ans, j’ai validé le niveau régional et j’ai construit ma première B1 (Grand Prix Pro 2 aujourd’hui). »
Qu’est-ce qui vous attire dans cette fonction ? « Contrairement aux autres officiels de compétition, le chef de piste a un statut indépendant, il n’est pas juge-arbitre. Il y a un véritable côté artistique qui rentre en compte. Pour construire un parcours, je dois laisser libre cours à mon imagination. Il est également important de rester soi-même et d’être fidèle à ses convictions. »
Expliquez-nous votre accession au haut niveau. « Tout s’est fait de fil en aiguille. J’ai validé mon Level 2 en 2009 et trois ans après, le Level 3. J’ai rencontré les bonnes personnes qui m’ont permis d’avoir la responsabilité de certaines pistes. Je n’ai pas brûlé les étapes même si ça s’est accéléré un moment donné. Évoluer à l’étranger m’a également beaucoup appris. »
Y a-t-il un style « Grégory Bodo » ? « Plusieurs paramètres entrent en compte : le bien-être animal est la première chose. Je ne veux pas que mes tracés pénalisent les chevaux. Ils sont faits pour proposer des difficultés de pilotage aux cavaliers via des ruptures de rythme ou des choix de distance. Je préfère également miser sur la fluidité afin que le naturel des chevaux puisse s’exprimer. »
Avez-vous un mentor ? « Je n’ai pas de mentor mais j’ai appris auprès de nombreux chefs de piste français et étrangers. Quand j’ai commencé en région Est, Michel Juliac m’a inculqué l’esprit cheval et la rapidité qui caractérisent mes parcours. À l’étranger, je retiendrais Santiago Varela (ESP) qui est humble et a une approche très juste du haut niveau. Il m’a donné beaucoup de conseils tant techniques que psychologiques. Malgré tout, l’important est de rester fidèle à ses convictions. »
Comment prépare-t-on un CSI 4* ou 5* ? « Il y a un vrai travail de préparation en amont qui s’opère. Plus on monte dans les niveaux, plus les enjeux sont importants. Il faut s’adapter à l’événement et à son état d’esprit. On pourrait comparer ça à un film, si le metteur en scène n’est pas bon, même si les acteurs le sont, le film sera mauvais. Avant les concours, j’épluche l’avant-programme, le plateau de cavaliers, la piste, le matériel ou encore la dotation. J’arrive sur place avec les fondations au moins pour les épreuves majeures. Il est également important de savoir bien s’entourer, l’équipe qui nous accompagne sur ces compétitions joue un rôle essentiel. »
Vous êtes professeur de marketing-management dans une école de commerce en parallèle, comment réussissez-vous à concilier les deux ? « Avec plus de 30 concours par an et face à la multiplication de mes interventions à l’étranger, j’ai réduit mon temps de travail. Désormais je travaille deux jours en début de semaine. Mais c’est important pour moi de garder ces moments pour souffler et sortir un peu de l’univers « cheval ». »
Espériez-vous obtenir ce Level 4 à seulement 41 ans ? « Obtenir aujourd’hui le Level 4 est une véritable reconnaissance de tout le milieu et de mes pairs. J’ai toujours été soutenu dans mon évolution par la FFE, Sophie Dubourg et les entraîneurs nationaux. Les organisateurs, notamment Sylvie Robert, ont également contribué à ma progression. J’ai eu beaucoup de chance d’être assistant sur de très beaux évènements depuis plusieurs années et j’ai même eu la chance d’officier sur le Championnat d’Europe jeunes à Fontainebleau en 2018.Ce Level 4 va me permettre d’accéder en tant que chef de piste aux plus grands championnats. Bien sûr je pense aux Jeux olympiques 2024 mais dans tous les cas, ma plus grande satisfaction serait que ce soit un Français qui officie car nous en avons les ressources. »