Rencontre avec Jean Morel : “L’objectif, ce sont les Jeux de Paris 2024 par équipes”
Dimanche 25 juin, la France a remporté la Coupe des nations de Rotterdam (NED). Jean Morel, sélectionneur national pour le dressage, fait le point après cette bonne performance collective.
Dimanche 25 juin, la France a remporté la Coupe des nations de Rotterdam (NED). Jean Morel, sélectionneur national pour le dressage, fait le point après cette bonne performance collective.
“Tous ont très bien joué la carte de l’équipe et cela a payé”
“Tous ont très bien joué la carte de l’équipe et cela a payé”
Jean Morel : Cela fait un an que nous travaillons. L’apprentissage du concours se fait en concours, en se frottant aux meilleurs mondiaux. Nous établissons un programme par période de trois mois pour rester connectés à la compétition, tout en prenant en compte l’état de forme des chevaux. Enchaîner le Grand Prix, le Spécial et la Libre demande une très bonne endurance. Les chevaux avaient tendance à piétiner en fin de reprise, c’est désormais moins le cas avec davantage de sorties. Les cavaliers ont accepté la politique sportive que nous avons mise en place avec Sophie Dubourg, directrice technique nationale, sous l’impulsion du président Serge Lecomte.
À Rotterdam, dans le Grand Prix, Morgan Barbançon Mestre, Pauline Basquin et Corentin Pottier, respectivement associés à Habana Libre A, Sertorius de Rima Z*IFCE et Gotilas du Feuillard, dépassent les 72%, tandis qu’Alexandre Ayache et Jolene, partis en numéro un, sont au-dessus des 70%, assurant le coup pour l’équipe. Cela leur permet de prendre largement la tête de la Coupe des nations. Dans le Grand Prix Spécial, Alexandre assure 69% et Pauline dépasse les 73%. Du coup, dans la Libre, Morgan et Corentin n’ont pas trop de pression et finissent première et deuxième avec des moyennes record de près de 80% et plus de 78%. Tous ont très bien joué la carte de l’équipe et cela a payé.
Cette équipe est actuellement celle de tête. D’autres couples vont entrer dans la liste “À cheval pour Paris” après les championnats de France début juillet à Vierzon. Nous les verrons tous début août au CDI 5* de Crozet (01), près de la frontière suisse, où nous avons négocié sept places. La suite du programme inclut également le CDIO 5* d’Aix-la-Chapelle (GER) et le CDI 3* de Deauville (14) avant les championnats d’Europe à Riesenbeck (GER) début septembre. Ensuite, il y aura repos et une revue d’effectif début octobre avant d’attaquer le circuit Coupe du monde. Chaque couple sortira au minimum une fois par mois. Il y a aussi des chevaux plus jeunes qui sont en cours de formation. En début d’année prochaine, nous devrions avoir une dizaine de chevaux listés en vue des JO, certains cavaliers disposant de deux chevaux de Grand Prix.
“Les championnats d’Europe sont une étape”
“Les championnats d’Europe sont une étape”
Jean Morel : Les cavaliers travaillent avec leurs entraîneurs individuels. Ceux qui le souhaitent peuvent bénéficier du regard extérieur du belge Yann Nivels. Tous ont eu une séance avec lui et 80% ont décidé de le revoir. Il intervient surtout sur la locomotion et la mise en main. Stéphane Fresnel, le vétérinaire fédéral, apporte aussi une aide précieuse. Tous les chevaux sont contrôlés avant d’entrer en liste pour les grandes échéances. Laurent Gallice amène un soutien logistique et administratif qui est un autre facteur de sérénité et son avis est précieux pour les décisions que nous prenons en concertation tout en tenant compte de l’avis vétérinaire.
Les championnats d’Europe sont une étape. L’objectif, ce sont les Jeux de Paris 2024 par équipes. Le règlement des deux compétitions est très différent. Aux Européens, comme en Coupe des nations, les trois meilleurs scores sur les quatre sont comptabilisés. Aux Jeux olympiques, les équipes sont composées de seulement trois couples et tous les scores comptent. Il faut donc des couples hyper réguliers. Dans les deux cas, c’est d’abord le Grand Prix qui est décisif car il permet de se qualifier pour la suite de la compétition. C’est pour cela que les aides fédérales sont attribuées uniquement sur les notes des Grands Prix, avec un seuil de moyenne à 72% qui va passer à 73 puis 74%.
Après Rotterdam, le plus dur, c’est de confirmer. Mais les juges et les cavaliers commencent à voir qu’il y a en France des cavaliers qui montent bien et qui sont capables de former des chevaux. Ce que l’on fait sécurise les propriétaires dans leur investissement. Ils commencent à être rassurés. Nous y allons progressivement, des CDI 2* aux CDIO 5*. Psychologiquement, il faut amener tout le monde à être plus fort.
J’ai un peu secoué nos cavaliers et tous ont bien travaillé. À court et moyen termes, les ambitions de résultats sont en équipe. En individuel, nous ne sommes pas encore prêts.