

À vingt-quatre ans, Louise Fillon compte déjà trois sélections en championnats du monde d’attelage Poneys en paire, avec une médaille de bronze individuelle acquise en 2021 au Haras du Pin (61), ainsi qu’un championnat d’Europe Jeunes en Solo avec son fidèle Tiesto. Désormais, la gérante du poney-club des Cours, situé à Reignac-sur-Indre (37), s’est lancée un nouveau challenge : celui de concourir en attelage à quatre poneys. À l’occasion du premier stage fédéral de l’hiver, rencontre avec cette meneuse motivée.
Pendant plusieurs années, vous avez évolué dans la catégorie Paire. Vous êtes maintenant avec quatre poneys. Pourquoi ce choix ?
Un des poneys de ma paire est désormais en pré-retraite, reconverti en poney de dressage et de saut d’obstacles pour mes cavaliers de clubs. Je ne voulais pas continuer sans lui, donc j’ai pris cette décision. Il y a aussi le rêve d’évoluer en Team, puisque j’ai déjà évolué en Solo et en Paire. L’attelage à quatre poneys est un aboutissement.
Comment s’effectue le passage de deux à quatre poneys ?
Depuis huit mois, je repars de zéro avec six nouveaux poneys. Cela demande plus de travail au quotidien. C’est un peu comme si j’étais retournée en maternelle et que je gravis les marches petit à petit. J’ai beaucoup à apprendre !
En quoi ce rassemblement fédéral est important pour vous dans ce nouveau chapitre de votre carrière et comment s’est-il déroulé ?
Ce stage permet de voir où j’en suis à quatre/cinq mois du début de la saison. Cela confirme que les méthodes de travail mises en place fonctionnent. Pendant ce stage nous avons évolué sur les trois tests - dressage, marathon et maniabilité -, le dressage est surtout ce que je veux perfectionner. Ma technique n’est pas parfaite sur des points qui peuvent paraître anodins, comme garder les quatre poneys dans la rectitude, ou la gestion des coins. Nous voulons être performants sur ce test puisque lors d’un championnat du monde, c’est compliqué d’obtenir un bon résultat final si on n’est pas bien placé dès le dressage. Pour l’heure, le marathon se passe bien. Même si j’aime la vitesse, j’en mets que sur des courbes larges, donc je sais qu’il va falloir travailler les courbes plus resserrées. Pour la maniabilité, c’est un peu le même principe, c’est un test où je suis à l’aise, mais la répétition permet d’être plus précis, de tourner plus court, de mettre davantage de vitesse, etc.
Je suis ravie d’avoir été conviée pour ce stage, c’est un plaisir d’être là. Il y a une bonne ambiance dans l’équipe, tout le monde communique et on arrive peu à peu à avoir une vraie équipe de France en attelage Poneys, c’est chouette !
Avez-vous un objectif sportif particulier cette saison ?
C’est du plaisir pour moi de mener à quatre poneys, mais je suis compétitrice donc si je peux commencer à performer, pourquoi pas viser une sélection aux championnats du monde à Oirschot (NED) ? Cela serait génial d’avoir cette opportunité l’an prochain, sinon ce ne sera pas dramatique et nous essayerons de prendre part aux grands championnats suivants ! Je vais travailler, continuer sur ma lancée et nous verrons où cela nous mènera.
“Le National des Enseignants est dans un coin de ma tête”
Au quotidien, vous êtes gérante d’un poney-club dans l’Indre. Comment vous organisez-vous entre la gestion du club et l’attelage en compétition ?
Deux monitrices travaillent au sein de la structure, ce qui me permet de me concentrer sur des cours particuliers et des cours d’attelage. C’est pour cela que je me suis aussi lancée en Team, cette organisation me laisse du temps pour travailler mes poneys.
Vous pratiquez également le saut d’obstacles. Trouvez-vous des points communs aux deux disciplines ?
Concrètement, aucun ! J’étais cavalière de saut d’obstacles avant d’évoluer en attelage. La discipline me plaisait déjà puisque mon père la pratiquait. Je lui travaillais d’ailleurs parfois ses chevaux en solo sur le dressage. Il m’a donc proposé d’essayer les concours avec une jument Franche-montagne, le marathon m’amusait beaucoup. J’ai réalisé une saison et demie avec cette dernière, avant d’avoir Tiesto, qui m’a accompagnée jusqu’aux championnats du monde au Haras du Pin.
Le passage du saut d’obstacles à l’attelage a d’abord été financier. J’avais un poney et mes parents ont décidé de ne pas me payer de cheval de saut d’obstacles. Après coup, je leur ai dit qu’ils auraient peut-être dû, car aujourd’hui cela coûte plus cher !
Actuellement, j’enseigne à des cavaliers de saut d’obstacles, donc je continue de me former. Des propriétaires me laissent monter leurs chevaux sur les barres, donc quand j’en ai l’opportunité, je les sors en concours. Le National des Enseignants est dans un coin de ma tête pour l’année prochaine, mais rien n’est encore décidé. De plus, il est important pour moi de me tenir à jour de ce qu’il se passe sur les terrains comme il s’agit de la discipline pratiquée par mes élèves.
Peut-on trouver une complémentarité dans l’entraînement entre le saut d’obstacles et l’attelage ?
Tout d’abord, les deux disciplines requièrent du travail sur le plat. Ensuite, pour moi, l’entraînement en saut d’obstacles n’apporte rien pour l’attelage, mais en revanche c’est intéressant pour les poneys. Ils travaillent sous la selle avec une de mes cavalières, je trouve cela important pour leur construction physique et mentale. Le but est de les amener sur les terrains de saut d'obstacles et les rectangles de dressage pour qu’ils voient des choses différentes. J’ai senti les bienfaits de ce fonctionnement sur mes anciens poneys, donc je l’ai transposé aux nouveaux.