

Photo FFE/PSV
Aux rênes de l’équitation française depuis 1982, Serge Lecomte est un président incontesté, plébiscité par les électeurs à chaque renouvellement de mandat. Portrait d’un des patrons du sport français.« Sa force, c’est de remettre, dans chaque débat, l’église au milieu du village, » explique un responsable de club rhône-alpin. « Son atout, c’est de prendre en compte les données du sujet avec pragmatisme, » ajoute un organisateur de concours aquitain.
Homme de terrain, Serge Lecomte s’adresse à chaque groupe d’acteurs représentatifs de la vie fédérale pour construire ensemble les projets de nature à faire avancer les choses. En charge de toute la Fédération depuis 2006, il a mis en place les réponses adaptées, en veillant à bien identifier les besoins et les attentes de chacun des acteurs du sport, cavaliers, organisateurs de concours, propriétaires. La création de circuits sportifs ou du groupe JO-JEM des chevaux de haut niveau ont été des réponses à ces attentes.En charge du développement des pratiques depuis près de 30 ans, il en décide avec les dirigeants de clubs qu’il consulte inlassablement, Congrès pour faire le tour des questions de fond, forums pour échanger sur les évolutions réglementaires, adresse internet pour faire part de ses remarques et suggestions…« Savoir ce que veulent les gens, ce n’est pas compliqué. Il suffit de leur demander,» résume l’intéressé dans une des formules laconiques qui sont sa marque de fabrique.
Cette proximité forte avec les électeurs, rappelons qu’ils sont près de 8 500 à la FFE et que le président en rencontre personnellement près de 3 000 chaque année, davantage à l’occasion des championnats de France ou des Congrès que lors des assemblées générales, se double d’une faculté incroyable à faire le tri des suggestions pour aller droit au but.« Nous avons trois missions, résume le président Lecomte, une mission éducative qui consiste à favoriser l’éducation des enfants et la santé publique, une mission sportive qui consiste à faire profiter un maximum de nos concitoyens des bienfaits de la compétition et à préparer les équipes de France, et une mission économique qui consiste à veiller au bon équilibre économique de l’ensemble. »Sous sa houlette, la FFE se concentre sur ces trois missions. Pour les mener à bien, il fallait donner de la visibilité et du poids à la parole fédérale, les actions des 6 dernières années y ont largement contribué. Les campagnes de publicité TV ont fait émerger l’équitation à son rang de 3ème sport français et entraîné le franchissement symbolique du seuil des 700 000 licenciés. Il fallait aussi renouer des relations sereines avec les partenaires institutionnels de la Fédération pour mettre un terme définitif aux soubresauts qui avaient accompagné la réunion de 3 associations nationales indépendantes au sein de la même grande fédération créée seulement en 2000 sous la forme actuelle.
Pas usé par le pouvoir, le président nouvellement élu nous annonce un mandat plein de projets. A l’horizon se profilent pêle-mêle, une rénovation de la pédagogie poney qui n’a plus évolué depuis 15 ans, un stade olympique au Parc Equestre Fédéral de Lamotte (41), une opération commando pour les Jeux Equestres Mondiaux de Normandie 2014 et pour les Jeux Olympiques de Rio 2016…Mais le sujet du jour est la fiscalité des activités équestres. Actuellement, elles bénéficient d’un taux réduit de TVA, en raison de leur caractère sportif de santé publique. L’Europe demande à la France de leur appliquer le taux plein, dès lors que les chevaux ne sont pas consommés comme produit alimentaire. Négociations difficiles en vue.
Interrogé sur son ressenti de tout cela, Serge Lecomte conclut : «A 30 ans, j’ai décidé de ne plus attendre qu’on fasse pour moi ce dont j’avais besoin. J’ai réuni autour de moi ceux qui pensaient comme moi. Ils sont 86% aujourd’hui. Je continue. »