Alexis Deroubaix termine dans le Top 10 en saut d'obstacles et l'équipe de France d'attelage est au pied du podium mondial.
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Pour cette dernière journée de compétition, les supporters des Tricolores ont dû retenir leur souffle jusque dans la soirée pour connaître le sort des cavaliers et meneurs tricolores. Le jeune Alexis Deroubaix réalise une très belle finale avec Timon d'Aure JO/JEM et se classe 9e du championnat du monde. Du côté de l'attelage, l'équipe de France termine à une très honorable 4e place et le meilleur Français, Thibault Coudry, est 7e en individuel.
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SAUT D'OBSTACLES
Pour ce dernier jour d'épreuves à Tryon, les 25 meilleurs couples de saut d'obstacles après les trois premiers jours de compétition étaient de nouveau en piste sur l'US Trust Arena. Pour la France, seul Alexis Deroubaix a obtenu son ticket pour cette finale individuelle.
En première manche, Alexis Deroubaix et Timon d'Aure JO/JEM effectuent un nouveau très joli parcours, ne faisant tomber qu'une barre. La fatigue s'accumulant pour tous les couples, cette faute lui ouvre tout de même les portes du Top 12 et de la seconde manche des championnats. Le couple tricolore repart donc pour un ultime parcours avec un score de 12,38 pts et une 11e place au provisoire.
En deuxième manche, le couple français ne tremble pas. Une petite faute les pénalise de 4 pts supplémentaires auxquels s'ajoute un point pour temps dépassé. Le couple termine avec un total de 17,38 pts et une très belle 9e place au classement final.
Alexis Deroubaix revient sur cette finale et dresse le bilan de ses mondiaux : " Je suis vraiment très content de finir ce championnat dans le Top 10. Je suis très content de mon cheval, cette expérience va bien nous faire évoluer, c'est vraiment super. En première manche, la faute est vraiment dûe à un rien, j'ai perdu un peu de connexion, mes rênes se sont un peu détendues, mais mon cheval a vraiment été formidable. En seconde manche, j'ai fait une erreur de conduite, je courais un peu après le chronomètre, mais le cheval était très en forme, de mieux en mieux même. Je tiens à remercier les propriétaires de Timon, Annick et André Chenu pour leur confiance. C'est un réel plaisir de travailler avec eux au quotidien. "
L'Allemande Simone Blum remporte le titre de championne du monde associée à DSP Alice devant les Suisses Martin Fuchs avec Clooney et Steve Guerdat en compagnie de Bianca.
ATTELAGE
Après le marathon de samedi, tous les chevaux tricolores ont bien récupéré de leurs efforts et sont très en forme ce dimanche pour l'ultime épreuve de ces mondiaux, la maniabilité. Ce parcours de rapidité met les meneurs au défi de réaliser un parcours, le plus rapidement possible sans renverser les obstacles. Composées de cones, ces difficultés sont surmontées de balles qui donnent des pénalités si elles tombent, comme sur un parcours de saut d'obstacles.
Anthony Hordé, premier à s'élancer pour la France boucle son parcours avec 18,37 pts de pénalité, soit un total pour ce championnat de 216,23 pts et une 15e place. Anthony Hordé après la maniabilité: « On est forcément frustré. C'était top, il y a une ambiance énorme. On a envie quand on reconnaît la maniabilité, on ne pense qu'à une chose, c'est de ne pas décevoir toute cette bande, mes coéquipiers mais aussi les propriétaires. Quand on fait des erreurs ça fait mal aux tripes. »
Benjamin Aillaud s'est ensuite élancé sur la parcours. Il boucle sa maniabilité avec 6,23 pts de péanlité, pour un total sur le championnat de 190,75 pts et une 8e position au classement général.
Benjamin Aillaud après la maniabilité : « On a laissé des points un peu au dressage, un peu au marathon et à la maniabilité. Ça se joue à rien mais le rien fait la différence, c'est comme ça qu'on n'est pas arrivé au bout. La maniabilité était très technique et il fallait prendre des risques pour être dans le temps mais les chevaux ont malgré tout été très bien. Il y a une grosse organisation grâce à la Fédération avec le staff, avec Félix, avec Quentin, avec les moyens qui sont mis, avec les propriétaires... On est parti de pas grand chose, on commence à avoir des chevaux, des propriétaires qui suivent et qui sont mordus, c'est en train de prendre. Ça ne se fait pas en 5 minutes, c'est une grosse construction mais à chaque fois ça progresse. Il faut maintenant qu'on arrive à tout cleaner afin de livrer le niveau au-dessus. »
Thibault Coudry s’élance en troisième position pour la France, étant le mieux classé à l'issue des deux premiers tests. Il totalise 10,02 pts pour un total de 190,50 pts et la 7e place au général. Thibault Coudry après la maniabilité : « C'est dommage car on s'était bien entraîné avec Benjamin et Anthony depuis le début de la saison à essayer de bien s'appliquer pour la maniabilité. On n'a pas de chance, ça se joue à 10 points, il aurait fallu qu'on fasse tous les trois moins de points mais c'est le jeu. On a progressé. Aux derniers Jeux mondiaux, on était 7e par équipe. Petit à petit on progresse, les équipes devant nous restent de grandes nations de l'attelage mais on s'améliore pour venir les embêter. Le bilan est clairement très positif. On a nettement amélioré le dressage, 3e après ce test ici devant l'Allemagne et la Belgique, c'est du jamais vu. C'est très encourageant pour tous nos propriétaires. On a juste une petite rancoeur car on pouvait aller chercher ce podium mais ça se joue à rien, c'est le sport. Ça restera quand même une superbe expérience et je remercie encore la Fédération d'avoir pu nous la faire partager. Si je dois retenir quelque chose des ces JEM c'est vraiment l'esprit d'équipe car c'est un groupe de 20 personnes qui nous permet de fonctionner. »En équipe, les deux meilleurs scores des Tricolores sur chacun des tests sont comptabilisés pour effectuer le classement. Les scores de Benjamin Aillaud et Thibault Coudry ont été pris en compte pour le dressage et ceux d’Anthony Hordé et Thibault Coudry sur le marathon. Les scores de maniabilité de Benjamin Aillaud et Thibault Coudry ont été pris en compte pour une note finale pour la France de 378,24 pts synonymes de 4e place, au pied du podium pour la France. Les Etats-Unis s'imposent devant les Pays-Bas et la Belgique.
Félix Marie Brasseur, entraîneur national : " On progresse à chaque championnat. Je souhaite déjà remercier la Fédération, les propriétaires de chevaux, les sponsors qui nous supportent, l'équipe de grooms qui est fantastique et aussi les supporters qui sont supers. L'esprit d'équipe est vraiment sensationnel et c'est ce qui les porte en avant. Nos attelages sont encore très verts et ils arrivent malgré tout à se battre avec les autres, ça c'est exceptionnel. Il nous a manqué un peu de tout dans chaque test, on fera le débriefing nécessaire mais ce que les gars ont fait c'est extraordinaire, j'ai beaucoup d'espoir pour le futur. Il ne faut pas oublier que nous sommes partis de rien. Désormais, les autres pays nous regardent et commencent à nous craindre. La France compte désormais ! Quand les ennemis se méfient de nous, c'est que ça commence à aller ! Je suis certain qu'on va gagner encore une place la prochaine fois. "
Quentin Simonet, conseiller technique national en charge de l'attelage : " Bien sûr il y a de la déception et de la frustration. Maintenant il y a pas mal d'éléments positifs à retirer de cette aventure. Il y a déjà la progression sur ces quatre dernières années. Mais cette régularité à la 4e place, j'aimerais bien que ça s'arrête même si on se rapproche des équipes de tête. On a fait de bonnes choses dans les différents tests mais on a laissé filer des points sur chaque test. On n'a pas rendu une copie parfaite et ce qui fait que l'on est un peu frustré. Chaque meneur a quasiment livré ce qu'on attendait de lui mais c'est ce petit pourcentage d'erreurs que l'on doit réussir à diminuer quand on est sur un tel championnat. Ce qui est positif c'est que nous avons des attelages jeunes, c'est extrêmement encourageant pour la suite. Thibault a fait ici son meilleur dressage et certainement son meilleur marathon puis une maniabilité un petit peu plus compliquée. Concernant Benjamin, il a fait une saison exemplaire, on savait que les conditions allaient être plus dures pour ses chevaux compte tenu de la chaleur, il a fait le maximum. Anthony a également un attelage assez jeune. Ces trois meneurs ont pris beaucoup d'expérience sur les deux dernières années. À côté de ça, il y a d'autres meneurs, Sébastien Vincent, Sébastien Mourier, qui ont de l'expérience et c'est ce qui fait la valeur de cette équipe. Il y a de la concurrence et c'est très bon. Pour la suite, il y aura le championnat d'Europe l'an prochain et dans deux ans, le championnat du monde en Hollande. "
Sophie Dubourg, directrice technique nationale dresse le bilan de cette édition 2018 des Jeux équestres mondiaux : "L'impression générale, en terme d'organisation des ces Jeux mondiaux, c'est que c'était difficile pour toutes les nations notamment celles ayant sept ou huit équipes engagées. La première semaine, rien n'était prêt. La deuxième semaine en a moins pâti et quand les infrastructures étaient prêtes même si elles étaient d'excellente qualité, tout autour c'était très difficile d'assurer une logistique. Après c'était très équitable pour l'ensemble des nations donc ça n'a pas joué sur les performances. C'est juste épuisant. C'est beaucoup d'investissement, humain et financier de la part de tout le monde. L'organisation et la responsabilité de la FEI n'ont pas été à la hauteur. Du côté du sport, c'est mitigé. Pour l'endurance, il y a beaucoup d'amertume. Sans refaire le scenario, on avait quatre chevaux très prêts, on aurait dû avoir une belle médaille par équipe et en individuel pour Jean-Philippe Francès, on ne peut pas en rester là, il faudra tout remettre à plat. On a des sportifs qui sont brisés et on a vécu une journée cauchemar. La médaille du concours complet, c'est super. Ils ont pourtant eu des conditions difficiles mais on avait des équipiers formidables et en individuel aussi avec Astier Nicolas. Ils sont vraiment restés sur leur rang mondial, il n'y pas eu de contre-performance voire même une très belle performance d'équipe mais aussi d'Astier avec son jeune cheval. C'est une médaille et c'est aussi une qualification pour les Jeux olympiques donc on respire pour cette discipline. Concernant le para-dressage, on vient de récupérer cette délégation. Les résultats sont décevants et on ne peut pas se cacher indéfiniment derrière le fait que ce soit une discipline en structuration. C'était le dernier championnat où l'on pouvait avoir cette explication-là. On doit vraiment avancer. On a une grosse déception individuelle avec José Letartre, avec des écarts de notes assez importants qu'on a du mal à digérer mais c'est une discipline appréciée, il faut l'accepter. Le reining est une des satisfactions de ces mondiaux. Nous avons deux individuels en finale, une belle 6e place par équipe à rien du tout du bronze. C'était attendu car on avait une équipe forte. Le challenge c'est de conserver ça, de surfer sur ce résultat-là et d'entretenir cette dynamique. On sait que ce sont des cycles mais la Fédération a envie que ça continue dans ce sens. Pour l'attelage, on est tous déçu. Maintenant, on était 4e au championnat d'Europe, on est 4e aux mondiaux, on est 3e au dressage devant des nations qui sont fortes . On a une équipe formidable. On a encore d’autres meneurs qui sont restés en France. On a vraiment un bel avenir pour cette discipline, je pense que l’on a trouvé l’axe de travail, les bons techniciens. On l’a prouvé sur ce championnat-là. Ils sont déçus aujourd'hui mais on a encore progressé et on va encore progresser. Pour le saut d’obstacles c’est difficile et c’est une grosse déception d’être passé à côté de la qualification pour les Jeux olympiques. On a eu beaucoup de fautes. On a eu des manches de Coupe, notamment la première, très difficiles mais c’était difficile pour toutes les nations. Nos chevaux étaient un peu verts et puis Rêveur, qui a plus d’âge mais qui a bien servi les deux premiers jours. On est à trois barres sur l’ensemble des parcours de la qualification. On a beaucoup de fortes nations et une concurrence grandissante comme l’Australie. D'autres grandes nations fortes européennes sont comme nous passés à côté. Ça ne nous console pas mais ça veut dire qu’elles seront aussi en bagarre pour aller chercher cette qualification aux championnats d’Europe l’année prochaine. Nous sommes arrivés pas très armés avec des cavaliers qui n’avaient jamais fait de championnats à part Kevin. On savait que ce serait difficile, bien sûr qu’on est déçu parce que ce n’était pas non plus infaisable, en tout cas la 6e place. La médaille, maintenant quand on a vu le niveau et les chevaux médaillés, des chevaux qu’on a déjà vus gagner des championnats ou des Grands Prix, c’était assez inabordable pour l’équipe qu’on avait mais la 6e était abordable. La 9e place d’Alexis Deroubaix souligne l’engagement et le travail des Français, des éleveurs français, des propriétaires qui investissent aussi et qui gardent leurs chevaux. Ils étaient là encore auprès de nous sur ces championnats-là. C’est ce qu’il faut souligner parce que j’entends beaucoup « on n’a plus de chevaux en France, on n’a plus de chevaux en France… », ce n'est pas vrai. On a des chevaux en France, on a des propriétaires, des éleveurs, des investisseurs, on a un circuit de jeunes chevaux comme jamais on a eu. Pour 2020, il faut se poser les bonnes questions. Je pense déjà qu’il faut travailler avec ce qu’on a avant de dire qu’on n’a pas assez de chevaux. Enfin la grosse satisfaction, c'est bien sûr la voltige. La médaille d'or de Lambert Leclezio, c'était vraiment formidable. C'est un travail sans faille pour les trois garçons, pour tout le staff. En plus de l'émotion dégagée, on attendait ça, on l'a eue en plus avec une excellence jamais atteinte, avec un public et des juges conquis. On en est encore plein d'émotions ! On va aussi conserver ça, on va encore structurer, accompagner ces individuels. Et on a également un projet d'équipe à remonter après les déboires rencontrés cette année. Dans toutes les disciplines, ce qu'il faut qu'on retienne, c'est de moins saupoudrer, d'essayer de faire des short-lists de tous ces meneurs, cavaliers, voltigeurs et de les accompagner au mieux sur chaque grande échéance. Le bilan sportif est mitigé. Le bilan humain, encadrement, technique, il est plus que positif. Tous les athlètes ont montré le meilleur d'eux-mêmes. Nous n'avons eu que des bons comportements. Je pense que tout le monde repart grandi. On est très fatigué, on a dépensé beaucoup d'énergie, beaucoup de moyens, humains, financiers, de la part de la Fédération c'était un challenge. On avait sept disciplines, on a peu de médailles, il faut que ce qu'on fait là et ce qu'on a obtenu serve de levier quand on va rentrer en France."