

En tête du classement mondial des cavaliers de moins de 25 ans, championne de France Pro Élite en avril, et déjà, sélectionnée quatre fois en équipe de France cette année, Nina Mallevaey a marqué les esprits, ces derniers mois, en poussant les portes de l’équipe de France de saut d’obstacles avec la manière. Brillante dès son plus jeune âge, elle a décroché par deux fois l’or par équipes aux championnats d’Europe Enfants en 2013 puis Poneys en 2014. Rencontre avec cette jeune Tricolore qui performe désormais à très haut niveau aux côtés des plus grands.
“Mon expérience chez les Jeunes m’a encouragé à persévérer dans le sport de haut niveau”
Comment avez-vous commencé l’équitation ?
J’ai commencé l’équitation vers quatre ans, en poney-club, aux écuries de Willems (59) chez Dominique Callens. C’est mon papa qui m’a transmis sa passion pour les chevaux et pour le saut d’obstacles. Je ne viens pas d’une famille de cavaliers professionnels mais mon papa était lui-même cavalier. Il a toujours eu des chevaux à la maison par passion, c’est avant tout un amateur. Jusqu’à mes 18 ans, c’est lui qui m’accompagnait en concours les week-ends.
Toute petite, je ne rêvais pas encore d’en faire mon métier, j’étais juste passionnée par les chevaux. Puis, j’ai commencé à goûter au sport de haut niveau quand j’ai intégré les équipes de France Enfants et Poneys.
Justement, pouvez-vous nous dire un mot de vos années sur les circuits Jeunes ?
Je ne retiens que des bons souvenirs ! J’ai eu la chance de rencontrer d’excellents poneys, chevaux et propriétaires lors de ma jeune carrière. J’ai eu l’opportunité de concourir aux championnats d’Europe Enfants en 2013, Poneys en 2014 et 2016, puis Juniors en 2018 à Fontainebleau (77). Ma première année au sein de l’équipe de France, nous avons terminé champions d’Europe Enfants par équipe avec Xilote. L’année suivante, nous étions champions d’Europe Poneys par équipe avec Rominet de Bruz, c’était une période incroyable.
Mon expérience chez les Jeunes m’a beaucoup apporté et m’a encouragé à persévérer dans le sport de haut niveau. À l’époque, je suivais les grands cavaliers tels que Kevin Staut et Pénélope Leprevost à la télévision. Cela m’a donné envie de faire comme eux et de vivre de ma passion pour les chevaux.
Quelle a été la suite de votre parcours ?
Lorsque j’ai eu 18 ans, j’ai été embauchée comme cavalière par la famille Sadran à Toulouse (31). C’était tout un autre univers. J’ai bénéficié de coachs renommés notamment Julien Epaillard et Eric Louradour. Ils ont une approche géniale du sport et des chevaux. Sur le plat, nous travaillions avec Bertrand Poisson que je connaissais bien grâce aux stages fédéraux avec les équipes de France Jeunes. Travailler avec des coachs aussi expérimentés m’a beaucoup apporté. Leur regard professionnel m’a aidé à progresser et à m’améliorer.
“À Fontainebleau, j’ai savouré tout le week-end”
En 2022, vous rencontrez la famille Rein qui vous confie plusieurs chevaux, puis vous partez avec eux aux États-Unis vous entraîner une partie de l’année. Que vous apporte cette expérience américaine ?
Je suis partie aux États-Unis car la famille Rein, les propriétaires de mes chevaux, ont des écuries à Wellington en Floride. C’est leur rituel d’y aller entre décembre et fin mars pour profiter de leurs chevaux. Le reste de l’année, nous passons la majorité du temps en Europe, aux Pays-Bas. L’équilibre se fait plutôt bien.
Ce mode de vie m’a permis de découvrir un nouveau système, d’être entouré de cavaliers de haut niveau et d'engranger énormément d’expérience. Nous sommes entraînés par Helena Stormanns et profitons des concours et Grand Prix qui ont lieu toutes les semaines à Wellington, ou Ocala, en Floride.
Revenons sur votre titre de championne de France Pro Élite remporté à Fontainebleau en avril dernier, quels sont vos sentiments par rapport à cette victoire ?
Je suis super contente ! À Fontainebleau, j’ai savouré tout le week-end, c’était fantastique. J’ai des souvenirs incroyables là-bas notamment avec les championnats d’Europe en 2018. Revenir en France, faire les championnats de France Pro Élite, et gagner… c’était génial ! Il y avait énormément de monde, mes amis étaient présents pour m’encourager ainsi que mon papa.
Vous étiez accompagnée de Nikka vd Bisschop, quels sont vos objectifs ensemble ? Sont-ils les mêmes avec Dynastie de Beaufour et My Clementine (propriétés de Rein Family LLC et Tara-Dow Rein) ?
Je connais Nikka depuis longtemps, je l’ai montée plusieurs mois quand elle avait huit ans. Depuis quatre ans, elle a acquis beaucoup d’expérience, elle a été sous la selle de cavaliers canadiens et a fait les Jeux olympiques de Paris. C’est une jument avec un super caractère, nous nous sommes tout de suite bien entendues. Elle est très généreuse et se donne à 200% pour son cavalier. Elle a fait un double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Rome et participera à celle de Rotterdam ce week-end. Pour la suite, nous verrons mais à mon avis, elle peut tout faire, à moi d’être à la hauteur.
Concernant Dynastie, elle s’est classée 3e du Grand Prix à Rome. Elle ressemble beaucoup à Nikka, elle est très généreuse. J’essaye de continuer sur cette lancée et de faire de bonnes performances avec elle. My Clementine, quant à elle, a passé avec beaucoup d’aisance le cap des 1m55 ces derniers mois. Fin mai, nous avons terminé 2e du Grand Prix 4* de Gassin à 1m60. J’ai l’impression que rien ne peut l’arrêter, cela présage de belles choses pour la suite.
Le mois dernier, vous vous êtes hissée en tête du classement mondial des cavaliers de moins de 25 ans…
Tous ceux qui m'entourent ont été ravis de cette nouvelle et ils comptent énormément pour moi : l’équipe, les propriétaires, ma famille, etc. C’était la meilleure manière de leur dire merci pour tout ce qu’ils m’ont apporté. J’espère le rester plus qu’un mois !
“Les championnats d’Europe en juillet sont dans un coin de ma tête”
Cette année, vous avez été sélectionnée quatre fois au sein de l'Équipe de France Seniors pour prendre part à des Coupes des nations, que cela vous procure-t-il de faire partie des meilleurs ?
C’est incroyable ! C’est tout ce que j’ai toujours voulu et d’y parvenir, c’est tout simplement génial. J’ai une entraîneure formidable, de très bons chevaux, des propriétaires en or. Intégrer l’équipe de France Seniors est un rêve qui se réalise. Aujourd’hui, je suis aux côtés de cavaliers que j’admirais quand j’étais petite : Pénélope Leprévost et Kevin Staut que je suivais à la télévision ou Olivier Perreau qui a participé aux derniers Jeux olympiques. J’essaye d’en profiter un maximum.
Et maintenant, quels sont vos prochains objectifs ?
C’est de continuer à évoluer avec tous mes chevaux, performer, les emmener au plus haut niveau. J’espère continuer à participer à des Coupes des nations pour la France car monter pour l’équipe de France, il n’y a rien de mieux, j’aimerais le faire de plus en plus. Les championnats d’Europe en juillet sont dans un coin de ma tête mais il y a encore plusieurs concours avant. J’ai les chevaux pour, Nikka et Dynastie seraient parfaitement prêtes pour cette échéance. À moi d’être à la hauteur et de prendre un maximum d’expérience d’ici-là. Si je peux y participer ce serait incroyable, je m’y prépare au mieux.
Désormais, ce sont les jeunes cavalières/cavaliers qui suivent votre parcours, avez-vous un conseil à donner à celles et ceux qui rêvent plus tard de haut niveau ?
Il faut aimer les chevaux et le faire, avant tout, par passion pour les chevaux, être courageux et travailleur. Si on a ces trois éléments, alors tout est possible et il ne faut rien lâcher. C’est également important de rencontrer les bonnes personnes et de savoir saisir les opportunités au bon moment.
Quel regard portez-vous sur l’arrivée à haut niveau de jeunes Tricolores (Jeanne Sadran, Inès Joly, vous…) ?
Je trouve cela génial ! Depuis nos 14 ans, nous faisons du poney ensemble alors nous nous connaissons toutes très bien. Nous nous tirons vers le haut et nous nous entendons bien. Cela fait plaisir de voir des jeunes femmes réussir dans ce milieu et pousser un peu les plus anciens !