ÉQUITATION POUR LES TOUT-PETITS, LE PONEY COMPLICE POUR BIEN GRANDIR
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Afin d’élargir l’offre de formation dédiée aux enseignants et dirigeants de clubs, la Fédération Française d’Équitation organise de nombreux rendez-vous au Parc équestre fédéral tout au long de l’hiver. Parmi les différentes thématiques proposées, «l’Équitation pour les tout-petits» a rassemblé 36 participants les 16 et 17 janvier.
Cette formation vise à permettre aux enseignants d’optimiser l’accueil et les séances dédiées aux très jeunes cavaliers âgés de 11 mois à 4 ans. Rôle du moniteur, pédagogie adaptée, objectifs et organisation des séances, matériel, choix et préparation des poneys, témoignages et échanges font l’objet de ces journées, orchestrées par Josette Rabouan, qui a fait de l’équitation pour les tout-petits l’une de ses spécialités.
Ancienne Institutrice, Professeur de français et Conseillère pédagogique, Josette Rabouan a su mettre 20 ans d’expérience au sein de l’Éducation Nationale, au service de l’élaboration d’une pédagogie parfaitement adaptée aux très jeunes cavaliers.
Rencontre avec Josette Rabouan, formatrice et co-dirigeante du poney-club de la Forêt de Moulière (86) :
Comment vous est venue l’idée de mettre en place un accueil pour les moins de 4 ans ? Josette Rabouan : « L’univers des tout-petits m’intriguait. J’avais l’envie et le besoin de mieux le connaître. J’avais participé à des recherches pédagogiques sur le thème « comment éviter l’échec scolaire » et je m’intéressais à la notion d’apprentissage précoce. Lorsque j’ai créé mon poney-club, je ne pensais pas accueillir des enfants de moins de 5 / 6 ans. Ce sont de très jolies rencontres qui m’ont inspiré la suite. D’abord un papa, médecin de profession, dont la fille de 4 ans, atteinte d’une maladie orpheline fut l’une de mes premières expériences. Une belle victoire sur la maladie, puisque monter à poney fut salvateur pour elle. J’ai partagé d’autres expériences avec une Pédiatre, un Kinésithérapeute. Je me suis inspirée de la place du cheval chez les Indiens d’Amérique et les mongols, j’ai appris à mieux connaître les circassiens. Tous ont été des inspirateurs, parce qu’ils offrent à leurs enfants la plus belle école de la vie dans leur quotidien, en communion avec les chevaux. »
Qu’est ce que le poney apporte aux tout-petits ? Josette Rabouan : « Le poney a un rôle pédagogique très fort. Il apporte un contact physique, qui développe le toucher et l’odorat. C’est très important. Il s’établit une relation, une complicité entre l’enfant et l’animal, très positive. L’animal ne parle pas, ne juge pas. C’est une relation non verbale qui s’établit et c’est elle qui est intéressante. Le poney devient un confident, celui à qui l’enfant communique ses joies et ses tristesses.On observe toujours un effet de surprise chez les enfants, lorsqu’ils découvrent que le poney leur obéit. Cela leur procure un plaisir inouï. L’enfant prend conscience de son potentiel grâce à l’animal. La relation qu’il établit avec le poney est saine, dans une bienveillance réciproque. Enfin l’enfant, qui se latéralise en théorie à l’âge de 7 ans, a la chance d’y parvenir bien plus tôt à poney. Grâce à l’équitation, les tout-petits gagnent en confiance, en concentration, en autonomie et en équilibre. »
Que transmettez-vous aux moniteurs d’équitation dans vos sessions de formation ?Josette Rabouan : « La condition sine qua non d’une équitation pour les tout-petits réussie est que les poneys soient parfaitement dressés. Le choix de la cavalerie est essentiel : les poneys doivent être adaptés à la taille des enfants. Ils doivent également être calmes et habitués à vivre en groupe. On ne peut pas s’occuper de l’enfant et du poney à la fois. Il faut donc que chaque poney soit attentif au moniteur, qu’il entretienne avec lui une bonne relation et qu’il ait été désensibilisé aux jeux et objets utilisés lors des séances. Avant chaque reprise, je conseille aux moniteurs de détendre tous les poneys en présence des enfants. Il est important pour eux d’observer le comportement de l’animal.L’équitation apporte beaucoup à l’enfant sur un plan affectif. De ce point de vue, j’apprends aux moniteurs à toujours être dans la bienveillance, la tolérance et l’écoute, à rassurer, encourager, féliciter, être juste, simple et précis dans les consignes et à ne jamais forcer. Au-delà de ces fondamentaux, notre responsabilité est de mettre en place des jeux, des ateliers nouveaux, dans une ambiance calme et joyeuse, qui permettent à l’enfant d’entrer dans les situations d’apprentissage dont il a besoin. Cela dans le respect des trois temps d’apprentissage nécessaires à l’enfant : l’expérimentation, la réussite et l’appropriation, où l’enfant s’amuse à répéter à l’infini ce qu’il a eu l’immense plaisir de réussir. »
Quelle organisation préconisez-vous lors d’une séance d’équitation pour les tout-petits ?Josette Rabouan : « Dans mon poney-club, l’organisation des séances dédiées aux bébés cavaliers se passe sur un temps long d’une demi-journée. D’abord tout le monde se présente : enfants, parents et moniteur. Puis l’on attribue un poney à chaque bébé cavalier. Dans la sellerie, aménagée à la taille des enfants, chacun prend le matériel dont il a besoin, puis va chercher son poney. S’en suit un bon moment de pansage. La séance débute avec des « marche/arrêt » : le poney et l’enfant marchent en musique et lorsque l’on arrête la musique, l’enfant et le poney s’arrêtent. S’en suivent de la relaxation à pied et à poney, des chansons de geste, une alternance de trot et de pas (sur une musique assez rapide pour le trot et une musique lente pour le pas), des jeux de cirque (avec des rubans, des cerceaux…), puis un retour au calme, sur une musique douce. Pour clore la séance : on salue les parents qui applaudissent. »
Vous menez vos séances en musique : pourquoi ?Josette Rabouan : « L’enfant est très sensible à la beauté de la musique, au rythme. Les chansons de geste, dites à poney, amènent l’enfant à prendre immédiatement la position juste du cavalier : être à poney devient aussi naturel qu’être à pied !La musique est un support naturel, un éveil utile dès 1 an. Elle développe l’intelligence, aide à grandir, enrichit le vocabulaire, gomme toutes les peurs et met dans la joie. Musiques relaxantes, chansons traditionnelles, le choix de la musique se fait en fonction du jeu, de l’exercice que l’on met en place. Bébés cavaliers et poneys sont fusionnels en musique, parce que tous deux y sont sensibles. »
Que diriez-vous à un enseignant ou un dirigeant de club pour l’encourager à accueillir un tel public ?Josette Rabouan : « L’équitation pour les tout-petits est encore un pratique innovante. Pour la réussir, l’essentiel est d’être dans une relation positive avec l’enfant. Je me suis moi-même inspirée de Louis de Pas, qui a créé, par amour pour ses enfants, le premier poney club en France. Ce qu’il faisait était plein de tendresse, d’une grande qualité relationnelle. »
Que diriez-vous aux parents qui auraient des craintes à inscrire leurs tout-petits au poney-club ?Josette Rabouan : « Si elle est faite dans l’harmonie, l’écoute et le respect de l’enfant, l’équitation pour les tout-petits a bien des atouts. Chaque enfant est différent. L’adulte a le devoir de l’aider à avancer et de croire en lui. Les apprentissages précoces, comme l’équitation pour les tout-petits, sont un gage de réussite. Il faut cependant respecter le rythme de chacun. Le poney est un partenaire idéal pour bien grandir et gagner de la confiance en soi. Développons l’équitation pour les tout-petits, parce qu’il est important pour les générations futures que : La pédagogie de la confiance ouvre les portes de la liberté. »
Le point de vue de Serge Lecomte, Président de la FFE, au sujet de l’action de Josette Rabouan : «La vision souriante, musicale et toujours positive de l'approche précoce des poneys, a su donner le goût de l'équitation à des générations de cavaliers et l'envie d'initier les tout jeunes enfants à une multitude d'enseignants d'équitation.»